Le pari (osé?) de Brussels Airport sur l’avenir

©Claude Boumal

Un Airbus A380 d’Emirates a atterri ce jeudi pour la première fois à l’aéroport de Bruxelles. Mais c’était exceptionnel : le plus gros avion commercial du monde ne reviendra pas de sitôt dans la capitale belge.

Ce n’est en effet que pour marquer l’inauguration d’une triple passerelle dédiée aux gros porteurs que la compagnie de Dubaï a exceptionnellement fait voyager ses passagers à destination de Bruxelles à bord d’un de ses A380.

Les nouveaux ponts d’embarquement, installés aux portes 31 et 33, ne constituent que la première phase d’un plan d’investissement pluriannuel de 52 M€ destiné à équiper la jetée B. Le « triple pont » inauguré hier sera utilisé comme passerelle double pour les gros porteurs tels que les Boeing 777 et 787 et les Airbus A330, 350 et 380.

La réalisation est séduisante : comme dans de nombreux aéroports déjà, ces « couloirs mobiles » sont ici entièrement vitrés, ce qui permet aux passagers d’observer de près et de haut le tarmac grouillant d’activités. Mais ils disposent aussi de l’air conditionné, qualité que les premiers utilisateurs ont pu apprécier en cette première journée de canicule.

Deux ponts deux mesures

©Claude Boumal

Que l’on sache, pourtant, seul l’A380 est un appareil à deux ponts, qui dès lors a besoin de deux niveaux de circulation des passagers, de 525 à 853 selon les configurations.

Ce qui semble devoir limiter considérablement son marché, malgré son rayon d’action de 15.400 kilomètres — la distance de New York à Hong Kong.

Avant même la sortie du premier exemplaire des usines de Blagnac, de nombreux spécialistes doutaient de son avenir : un avion capable d’emporter autant de passagers serait sans doute plus utile, paradoxalement, sur de courtes distances comme Tokyo-Osaka (ou Milan-Rome).

Les faits leur ont donné raison : les ventes piétinent, la version cargo a été rapidement abandonnée, et c’est tout le programme A380 qui aurait pu s’arrêter cette année… sans la miraculeuse commande, le 18 janvier dernier, de 36 appareils par Emirates, premier client de l’avionneur européen, qui en possède déjà plus d’une centaine.

©Claude Boumal

Un marché limité…

Mais seuls 160 aéroports dans le monde sont capables d’accueillir l’A380, dont celui Los Angeles, où se posent et d’où décollent onze vols quotidiens de neuf compagnies différentes. C’est dire que le pari de Brussels Airport est osé.

Oui, il dispose d’une piste suffisamment longue. Oui, il est équipé, depuis hier, d’une passerelle double permettant de remplir ou de vider simultanément ses deux étages. Mais combien d’A380 se poseront-ils à Zaventem, qui voit défiler plus d’hommes d’affaires que de touristes ? Un marché existe-t-il vraiment pour ce type d’appareil dans ce petit pays, qui justifie un tel investissement ?

En fait, la question n’a de sens qu’à long terme, et pour autant que les estimations soient plus fiables que celles d’Airbus lui-même jusqu’ici. Brussels Airport, en tous cas, affirme résolument sa foi en l’avenir.

Pour l’anecdote, précisons que l’avion qui s’est posé hier à Bruxelles était décoré aux couleurs du Real de Madrid, un des dix grands clubs de football sponsorisés par Emirates, parmi lesquels le PSG ou l’AC Milan, à côté d’équipes de rugby, de cricket, de compétitions de golf et de courses hippiques, entre autres.

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