Le low-cost européen dans les pattes des Américains

Les compagnies aériennes américaines ne peuvent plus se permettre d’ignorer l’essor des compagnies low-cost européennes qui viennent les concurrencer sur les vols transatlantiques. Si les consommateurs américains sont connus pour privilégier le « Made in America », ils découvrent une concurrence farouche qui pourrait bien les séduire.

La faute aux sites de réservation

Le véritable facteur à prendre en compte, ce sont les sites de réservation : aujourd’hui, la majorité de la clientèle passe d’abord par une plateforme comme Skyscanner ou Kayak (plus populaire chez les anglo-saxons) pour comparer les prix avant d’effectuer son choix.

Or, quand on effectue une recherche pour un vol au départ de New York vers Berlin sur Skyscanner par exemple, on constate que le premier résultat (le moins cher) qui apparaît est Norwegian, à 494€ le vol aller-retour (en décembre) avec une escale. En revenant avec WOW Air, toujours avec une escale, on arrive à 583€. On trouve d’autres offres qui combinent plusieurs compagnies comme EasyJet, TAP Portugal, Air Berlin et Icelandair par exemple. Pas que du low-cost donc, mais toujours de l’européen.

Il faut défiler pas mal d’offres avant de tomber sur une compagnie américaine. Toujours avec une escale (à l’aller comme au retour), l’offre la moins chère vient de chez American Airlines, avec 722€. Une différence de prix tout de même significative … Sans escale, le contraste est encore plus flagrant : 784€ avec Air Berlin, contre 1.657€ avec American Airlines.

Les compagnies américaines déboutées

Habituées à partager raisonnablement le marché transatlantique avec leurs équivalents européens traditionnels (Lufthansa, Air France, British Airways), les compagnies aériennes n’ont pas vu venir l’essor du low-cost. Depuis l’arrivée de WOW Air en 2012 puis de Norwegian, la concurrence s’est encore amplifiée puisque cette dernière propose désormais des vols directs sans escale entre les États-Unis et l’Europe. La compagnie a ainsi augmenté le nombre de ses vols transatlantiques de 34% l’année dernière et de 44% cette année.

Réaction assez typique des grandes entreprises aux États-Unis (et ailleurs sans doute) : prospecter auprès de l’État pour obtenir une réglementation protectionniste qui leur garantit un (quasi) monopole et leur évite de s’adapter au marché, quitte à priver les citoyens américains de nouveaux produits et services moins chers et, accessoirement, pénaliser les concurrents. En effet, plusieurs compagnies américaines ont d’ores et déjà interpellé le Ministère du Transport pour obtenir l’interdiction pure et simple des vols de Norwegian entre les États-Unis et Dublin. Le Congrès américain est en train de travailler à une législation qui irait en ce sens, mais elle a pour l’instant peu de chances d’aboutir.

« Play by the rule »

Incapables d’influencer la régulation, les compagnies américaines se voient donc obligées d’affronter leurs concurrents dans les règles : par le marché. Dès lors, la compagnie Delta envisage d’instaurer ses propres vols low-cost, après avoir vu ses revenus issus des vols transatlantiques diminuer à cause de cette nouvelle concurrence.

Interviewé par le Los Angeles Times, le patron de Delta, Edward Bastian, a déclaré : « Je crois que nous devons revoir l’entièreté de notre offre et faire en sorte de fournir ce que souhaite le marché », ajoutant « […] Delta a une image de marque très forte, bien plus forte que celle des compagnies low-cost, et [que] les gens préfèrent voler avec nous plutôt que sur une de ces compagnies inconnues ».

S’adapter au low-cost

Dès lors, Delta peut devenir compétitive sur le prix. La forme que prendraient ces formules low-cost n’est pas encore claire : soit une ligne transatlantique bien définie, soit une classe « no-frills » à service réduit, typique des compagnies low-cost européennes, même si nous ne sommes pas prêts d’assister à l’émergence d’un marché similaire aux lignes intra-européennes. Néanmoins, il devient évident que les compagnies aériennes américaines commencent à faire face à une concurrence à laquelle elles n’étaient pas habituées.

Lorsque le low-cost domestique a fait son apparition aux États-Unis avec des compagnies comme Spirit et Frontier, les compagnies traditionnelles s’étaient déjà vues contraintes d’introduire une classe inférieure à la classe économique. Désormais, il semble que les compagnies américaines devront suivre la même voie pour les vols internationaux.

En revanche, il ne faut pas s’attendre à voir les prix continuer à baisser sur les vols domestiques. D’après Bloomberg, la compagnie Delta va réduire le nombre de sièges dans ses offres afin de booster les prix — et ses principaux concurrents feront sans doute de même. De plus, avec les prix du carburant qui recommencent à augmenter, l’abondance des vols bons marchés pourrait ne pas durer.  |Source : The Economist]

 

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