L’ambassadeur turc appelle la Tunisie
à favoriser le tourisme religieux

Plusieurs médias tunisiens rapportent que l’ambassadeur de Turquie à Tunis, Ömer Faruk Dogan, a indiqué que la Tunisie est un pays éminemment touristique qui, pour faire évoluer ce secteur, devrait favoriser davantage le tourisme religieux et thérapeutique. « C’est dans ces conditions que la Turquie pourrait continuer ses efforts, via sa compagnie aérienne, de ramener des touristes en Tunisie », a-t-il ajouté.

Une sortie peu appréciée

Sur les réseaux sociaux, la plupart des utilisateurs n’ont pas manqué de faire connaître leur mécontentement : « nous n’avons pas besoin de conseils venant d’islamistes », « les Tunisiens sont assez intelligents pour rejeter ce tourisme imbécile et disgracieux », « on n’a pas déplacé La Mecque chez nous », « on n’en veut pas » et autres « occupez-vous de vos oignons ».

Cette déclaration intervient dans un contexte où le discours turc à l’égard de la Tunisie est considéré comme de plus en plus paternaliste par nombre de commentateurs tunisiens. L’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, est idéologiquement proche des Frères musulmans. En Tunisie, l’AKP misait beaucoup sur le parti « islamo-conservateur » Ennahda. La mise à l’écart de ce dernier n’a donc pas favorisé les relations entre les deux pays, sans pour autant les malmener outre-mesure. La Turquie continue pourtant de se présenter comme un modèle de démocratie musulmane réussie auprès des pays du Printemps arabe.

Limiter la concurrence ?

Cette suggestion pourrait signifier que la Turquie souhaite éviter que la Tunisie ne la concurrence davantage sur le marché du tourisme balnéaire en Méditerranée. Les Russes ont en effet été plus nombreux cette année à se rendre en Tunisie qu’en Turquie.

Pourtant, la Tunisie comme la Turquie a déjà développé le tourisme religieux lorsque le parti Ennahda est arrivé au pouvoir, notamment en ciblant les musulmans français. Les acquis n’ont pas été balayés pour autant et la ville de Kairouan par exemple, centre de la vie religieuse aux premiers siècles de l’islam, reste particulièrement prisée. L’islam n’est pas la seule religion concernée puisqu’on assiste aussi au pèlerinage juif sur l’île de Djerba.

Une niche devenue un vrai marché

Aujourd’hui, le tourisme religieux n’est plus une niche : les déplacements, l’hébergement et les activités qui y sont rattachées représentaient une industrie de 18 milliards de dollars et de 300 millions de voyageurs dans le monde en 2008. La Mecque reste la plus grande destination avec 35 millions de pèlerins musulmans chaque année, mais sur les 130 millions de pèlerins annuels dans le monde, 70 millions sont chrétiens (soit 60% du total).

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