Dix ans après la crise, la montée des forces populistes empêcherait de sauver les banques

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Samedi prochain, le monde entier va « célébrer » les dix ans de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Mais dix ans après la crise financière, le monde reste toujours fragile. C’est ce que nous dit Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco.

Samedi prochain, le monde entier célébrera le dixième anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, la fameuse banque américaine qui a à défaut d’avoir provoqué la crise financière l’a fameusement accélérée.

Au final, chacun peut le constater, il aura fallu environ dix ans pour effacer une partie des séquelles de cette crise. Je dis une partie car en Europe, par exemple, plusieurs pays n’ont pas encore retrouvé le niveau de leur PIB d’avant la crise.

Dix ans après, on peut pousser un ouf de soulagement mais tout en restant inquiet. Le ouf de soulagement s’explique par le fait que cette crise, bien que très sévère, aurait pu être pire pour la population.

Pourquoi ? Parce que comme le fait remarquer l’économiste Daniel Cohen, les dirigeants de l’époque n’ont pas commis les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs en 1930.

Au contraire, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, les gouvernements ont très vite coopéré pour éviter d’aggraver la crise et les autorités monétaires ont baissé artificiellement les taux d’intérêt pour permettre à l’économie de ne pas être asphyxiée.

Depuis lors, les banques sont aussi mieux contrôlées par les gouvernements et elles dépendent moins des marchés financiers pour leur financement, ce qui est une bonne chose.

Les banques sont également soumises à des tests réguliers de résistance par des autorités de contrôles indépendantes. Et les plus fragiles d’entre-elles sont priées de se mettre en ordre et même de prévoir une sorte de testament en cas de faillite éventuelle.

Bref, vu comme cela, on pourrait se dire que les leçons de la crise ont porté leurs fruits et que nous serions tous dans une sorte d’humeur positive, du genre plus jamais cela!

« Les crises, malheureusement, font partie de l’ADN du capitalisme »

Malheureusement, dix ans après, il faut bien constater que la vigilance s’impose encore. Et que nous ne sommes pas à l’abri d’une autre crise. D’abord, parce que les crises, malheureusement, font partie de l’ADN du capitalisme.

Le FMI a décompté 124 mini-crises financières rien qu’entre 1970 et 2007. Et même si ces crisettes ne sont pas toutes mortelles, leur nombre montre qu’elles font partie inhérente du système. Ça, c’est pour démontrer que nous ne pouvons jamais baisser la garde.

Et puis, à l’occasion des dix ans de cette crise, DSK, -l’ancien directeur du FMI dont la carrière s’est arrêté brusquement à cause de cette affaire sexuelle du Sofitel de New York-, a rappelé qu’il y a une conséquence de cette crise de dix ans qui est sous-estimée: c’est la montée des populismes que l’on voit apparaître un peu partout.

Pour DSK, la montée des partis populistes est le résultat de la montée des inégalités provoquée par la crise et la volonté des victimes de ces inégalités de chercher des boucs émissaires.

Les uns se braquent sur les réfugiés et d’autres sur le système politique sur le thème du « tous pourris ». Et pour Daniel Cohen, un autre économiste, c’est clair que la population ne supporterait plus aujourd’hui les hausses d’impôts qui ont été décidées pour payer les dettes passées : tout cela ne serait plus toléré aujourd’hui.

La montée des forces populistes empêcherait même de sauver les banques. Ce qui veut dire que notre système reste très fragile.

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