Comment Trump enrichit ses ennemis (et appauvrit ses partisans)

Donald Trump était très attendu cette semaine devant le Congrès américain. Les médias l’ont dit et redit ce discours était important, car Donald Trump devait enfin préciser son discours économique qui jusqu’ici restait très flou… Raté.

Le discours de Donald Trump n’a rien apporté de neuf. Quasi pas de chiffres concrets à se mettre sous la dent. Il n’a rien dit non plus sur le timing de ses mesures ni comment il comptait les financer. Rien, nada. Et pourtant son discours a été très applaudi par les membres du Congrès. Même les médias américains ont trouvé que Trump a été, pour une fois, présidentiel !

En fait, puisque pour une fois, il s’en est tenu à son texte sans dévier d’un iota, tout le monde est ravi. Pourtant, comme le démontre Bill Bonner, un commentateur avisé de l’économie américaine, tout ce qu’a dit Donald Trump, ce sont des banalités, des phrases creuses, mais présidentielles.

Je vous cite quelques exemples de ces phrases. « Nos enfants grandiront dans une nation de miracles », a-t-il dit. « Tous les enfants américains doivent pouvoir grandir dans une communauté où ils sont en sécurité », a-t-il encore déclaré. « Imaginez les merveilles que pourrait vivre notre pays, alors que l’Amérique célèbre ses 250 ans cette année ». Ah bon ? Plus fort encore, il a proclamé, sans rire, qu’« il est temps d’arrêter de penser petit… » Et il a encore ajouté: « tout ce qui a été abîmé dans notre pays peut être réparé… »

Alors, ça c’est fort. Mais plus fort encore, il « demande à tous les citoyens de s’engager dans ce renouveau de l’esprit américain… » Ce n’est guère mieux que nos politiciens européens qui disent qu’ils veulent une société plus juste et plus durable… Ça ne mange pas de pain, et qui serait contre ce genre de phrase ? Personne évidemment !

« Il y a une certitude aujourd’hui: la plupart de ceux et celles qui ont voté pour Trump sont lésés par son élection »

Pourtant, la Bourse a bien réagi à ce speech, sans doute parce qu’elle est hypnotisée par la baisse des impôts promise par Trump. Mais il y a au moins une certitude aujourd’hui, selon Philippe Bécahde autre commentateur avisé de la vie boursière, la plupart de ceux et celles qui ont voté pour Trump sont lésés par son élection. Une gestionnaire de fonds a été interviewée cette semaine par la chaîne de télévision économique CNBC et, dans un élan de franchise, elle a dit, je la cite: « ce qui est assez surprenant, c’est que la hausse actuelle de la Bourse profite à tous ceux qui ont voté contre Trump… Parce que ses supporters, dans 90% des cas, ne possèdent pas d’actions. »

Et voilà, tout est dit par cette gestionnaire américaine. Seuls 40% des Américains possèdent des actions, sous une forme ou une autre, et la plupart d’entre eux n’ont pas voté Trump. Exactement comme le deuxième homme le plus riche au monde, Warren Buffet, qui a pris position pour Hillary Clinton, et qui n’a jamais gagné autant d’argent depuis que Trump est à la Maison-Blanche. Il faut savoir que depuis l’élection de Trump, la capitalisation de la Bourse a grimpé de 3.000 milliards de dollars en trois mois. Des milliards qui ne sont pas partis dans la poche de ses partisans, mais dans celles de ses ennemis politiques.

Pire encore, les taux d’intérêt sont en train de monter plus vite que prévu, et là, en revanche, cela veut dire que l’argent sera plus cher pour les plus pauvres… Donc pour ceux qui ont voté Trump. Merci qui ? Merci Donald !

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