Comment améliorer le Transport aérien français ?

C’est le sujet à la mode, pour lequel d’ailleurs les Assises du Transport Aérien ont été créées et lancées. Le but est de stopper l’hémorragie qui fait perdre régulièrement aux compagnies hexagonales des parts de trafic sur le marché français. On parlera d’environnement, de compétitivité, de l’aménagement du territoire, tous sujets certes intéressants mais qui semblent peu en rapport avec les maux dont souffre le transport aérien français.

Ceux-ci sont parfaitement connus et font l’objet d’un consensus de la part de tous les responsables des compagnies. Dans le désordre, un surcroît de coûts salariaux dus aux charges sociales, des résultats économiques inférieurs aux concurrents étrangers, la grande difficulté pour entretenir un
dialogue social efficace, des infrastructures aéroportuaires peu adaptées. Voilà pour l’essentiel… Voyons cela de plus près.

Les charges salariales

C’est le premier grief des transporteurs. Plus la compagnie est grosse et plus l’écart entre les charges salariales avec les concurrents européens est important.

Le sujet a été souligné à gros traits par Jean Marc Janaillac qui pointe la surcharge de 400 millions d’euros constituée par l’écart de taux de charges sociales entre la France et l’Allemagne.

J’ai effectivement sous les yeux les résultats de plusieurs études menées par des « think tanks » indépendants. Avec certaines nuances car le sujet est à la fois complexe et mouvant, tous soulignent le poids supplémentaire que les transporteurs français doivent supporter par rapport aux autres européens.

Pour résumer, le montant des charges salariales et patronales est de 60 % en France contre 40% en Allemagne, 28 % en Belgique, 22 % au Royaume Uni et même 14% en Suisse.

Des résultats économiques médiocres

Certes l’année dernière a été bonne, mais les résultats français sont très inférieurs aux allemands ou anglais par exemple. Alors que le group e Air France/KLM affiche 1,4 milliard de résultat d’exploitation, celui-ci est plus du double pour le groupe Lufthansa et encore plus important chezIAG. Cela a une conséquence directe sur les capacités d’investissement des transporteurs français par rapport aux autres concurrents mondiaux.

Alors que les commandes françaises se montent à 80 appareils dont les 2/3 sont les longs courriers, le groupe Lufthansa en a plus de 200 dont 140 courts courriers et IAG plus de 120 à égalité entre les longs et les moyens courriers. Notons que dans le même temps les trois grandes compagnies du Golfe affichent plus de 600 commandes essentiellement des longs courriers.

Ainsi la médiocrité des résultats économiques entraîne une dégradation de l’outil de production par rapport aux concurrents, or les nouveaux appareils sont plus économiques et plus confortables que les anciens ce qui donne encore un avantage supplémentaire aux compétiteurs.

Un dialogue social conflictuel

C’est sans doute le sujet le plus délicat et celui qui a l’impact le plus important sur la compétitivité des compagnies françaises.

Tous les présidents des entreprises du transport aérien, quelle que soit la taille de leur compagnie, soulignent tous l’extrême difficulté à faire adhérer les syndicats et d’abord ceux des pilotes, aux nécessaires adaptations des entreprises.

Tant que ce problème ne sera pas résolu, et on ne voit d’ailleurs pas comment il pourrait l’être à court terme, les compagnies françaises traîneront un boulet au pied.

Et comme les directions ont peur des grèves auxquelles elles sont invariablement confrontées dès qu’elles souhaitent faire bouger les lignes, elles construisent leur stratégie d’entreprise pour éviter, si faire se peut, toute confrontation.

C’est ainsi par exemple que HOP a été créée à partir d’un millefeuille de sociétés, 4 en tout, pour éviter un conflit social qui de toute façon est inévitable. Franchement, on ne voit pas comment on peut sortir de cette ornière.

Des infrastructures aéroportuaires peu adaptées

C’est l’évidence. Les grands aéroports français ne correspondent pas au niveau d’exigence des passagers qui ont maintenant fait beaucoup d’expériences dans des plateformes étrangères.

Un énorme travail doit être entrepris pour remonter le niveau des installations et les capacités d’accueil et de traitement des clients. Un nouveau terminal doit être construit à Charles de Gaulle, espérons que pour une fois on verra grand et non trop petit comme on peut le constater, hélas, en traversant nos aérogares.

Voilà quelques sujets qui pourraient intéresser les Assises du Transport Aérien. Pour tout dire j’ai été un peu surpris de la première annonce de Mme Borne, lors de son discours inaugural.

Prétendre que la diminution de l’augmentation de la taxe d’aéroport est une mesure susceptible d’améliorer la
compétitivité des compagnies françaises est tout simplement une plaisanterie, d’autant plus que la taxe en question est payée par les tous les passagers y compris ceux qui volent sur des compagnies étrangères. Et pendant ce temps-là, les clients font leurs réservations pour l’été prochain.

Combien voyageront sur des compagnies étrangères ne serait-ce que pour éviter des grèves dont les syndicats menacent les opérateurs français ?

Jean Louis Baroux

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